♫ Stateless - Bloodstream.
I « Parce que mon histoire à un début de merde »
«
Mais oui, crois-moi, je te donnerai ce rôle » L’histoire de Leigh commença comme cela, une promesse illusoire, un avenir incertain et à présent scellé. Eliza était une jeune blonde à la plastique avantageuse, mais elle n’avait que cela un physique. C’était une fille de dix huit ans la tête emplie de rêves et les yeux d’étoiles. Elle rêvait de devenir une star, de voir son nom en tête d’affiche, d’être reconnue par tous. C’était porté par ses rêves de gloire qu’elle quitta son Texas natale pour Broadway à New York. Une ville régie par la magie du cinéma et des planches, une ville qui serait le point de départ de sa nouvelle vie. La blonde arriva très vite en ville, reniant famille et amis, après tout qu’étaient-ils face à son rêve de gloire ? Face à sa destinée ? Rien. Eliza enchaîna alors les petits rôles, elle apparaissait dans des soaps opéras, était figurante dans des films à petit budget, mais rien de vraiment concluant. Cependant son destin bascula un soir d’octobre. Invitée à une fête plus pour son physique de Barbie que pour son talent, la jeune fille se fit accoster par un homme âgé d’une quarantaine d’années, William Baldwin. Celui -ci représentait tout ce qu’Eliza pouvait apprécier en ce bas monde : Il était beau, riche et possédait le pouvoir de faire d’elle quelqu’un, il avait le pouvoir de faire d’elle une star… C’est en suivant son ambition, son rêve qu’elle accepta les propositions de William, qu’était le sexe après tout ? S’il fallait se donner corps et âme pour réussir, elle allait le faire quitte à vendre son âme au diable. «
Mais oui, crois-moi, je te donnerai ce rôle » C’est ainsi que l’homme abusa de l’innocence et de la crédulité d’Eliza, il l’emmena dans sa chambre la couvrant de baisers et de honte.
Bien entendu, William ne donna pas le rôle à la jeune fille. Il avait eu ce qu’il voulait, il avait pu de ses doigts caresser sa peau juvénile et fraîche ; pourquoi devrait-il s’encombrer d’autres problèmes tout à fait insignifiants ? Il était un homme de pouvoir, l’argent, le business, les fêtes n’avaient pas de secrets pour lui, jamais il ne prendrait le risque de voir tout cela s’envoler pour les caprices d’une stupide blonde. Eliza s’en voulut de s’être ainsi faite bernée, il l’avait eu dans tous les sens du terme...Au bout de cinq mois où elle s’abaissait à revoir William lorsque celui-ci le désirait, les choses se compliquèrent, elle tomba enceinte. Dix huit ans, un bébé et un avenir qui prend fin. Aucun signe n’avait pu la prévenir de cet évènement tragique, aucune envie bizarre, aucune rondeur et surtout, ses règles vicieuses étaient toujours là, rythmées.
Non rien n’avait pu la mettre à l’abri des souffrances que la vie allait lui réserver, des mois qu’elle allait endurer seule, des années où elle allait se détruire. William la gifla laissant sur sa joue une trace écarlate, comment avait-il pu être aussi négligeant ? Comment avait-il pu laisser cette putain foutre sa vie en l’air ? «
C’est ton bâtard, tu te débrouilles avec » Ce fut tout, le brun laissa Eliza se noyer dans sa propre déchéance, elle n’était rien après tout …Mais la jeune fille n’avait pas dit son dernier mot, il ne pouvait pas la laisser comme ça, il était le responsable de toute cette jeunesse envolée, de ce ventre rond qui déformait son corps longiligne. Il était le salopard qui l’avait engrossé, elle ne pouvait tout simplement pas le laisser continuer à vivre sa vie de manière si normale. Dictée par sa colère et par la haine de faire de la vie de William un enfer elle sonna un soir à sa porte, souriant à la femme de celui-ci. «
William est là ? J’aurai quelque chose à lui dire, finalement non à vous dire à tous les deux » Loin était l ‘époque où la jeune Eliza se laissait bercer par des mots mielleux, quitte à être dans un trou autant faire le plus de dommages possibles. La blonde réussit à avoir ce qu’elle voulait, de l’argent, une tonne d’argent versée chaque mois sur son compte pour son silence, mais elle devait partir, renoncer à ses rêves de gloire et ne plus jamais apparaitre devant lui. Et c’est-ce qu’elle fit, les Baldwin lui louèrent un petit appartement à Boston dans un quartier tranquille, elle devait y rester et faire sa vie là-bas protégeant au mieux leur petit secret. Quelques mois plus tard, après avoir haït le monde entier Eliza donna naissance à un petit garçon aux yeux noisettes dont on pouvait déjà apercevoir la malice. La blonde ne le regarda pas une fois, ne le tint pas dans ses bras, elle dit seulement lorsqu’on lui demanda quel nom allait-elle lui donner. « Leigh, comme le rôle que j’aurai dû avoir. Warren, comme mon père qui quand il a su que j’étais enceinte m’a ri au nez et enfin Hastings comme nom de famille, la seule chose qu’il me reste encore. »
♫ Muse - Stockholm Syndrom.
II « Et que la suite n’est pas mieux »
«
Tu es une plaie, une de ces merdes qui polluent l’existence d’autrui, voilà ce que tu es » Leigh avait huit ans, un âge où l’on se construit, où l’amour et la curiosité emplies votre être, mais voilà, lui le pauvre petit Leigh était loin de tout cela, il n’était rien. Il vécut à Boston dans un petit appartement tranquille, les jours étaient longs et malheureusement répétitifs. Le brun était un petit garçon discret et intelligent, un petit garçon qui s’efface par peur d’être rejeté, un petit garçon qui pour cacher ses blessures feint un monde idyllique. Il haïssait sa mère autant qu’il l’aimait. C’est dur de haïr ses parents vous savez, ils ont beau être votre pire cauchemar, vos bourreaux, cependant comme un chien on revient toujours vers la main qui nous nourrit, c’est le faible de l’être humain. Leigh n’avait qu’elle, Eliza représentait son modèle, elle était Dieu à l’état de femme. La blonde quant à elle ne prêtait pas plus attention que cela à son fils, sa vie depuis que celui-ci vint au monde fut terne et merdique. Elle lui en voulait d’être la raison de son calvaire et elle le lui faisait bien savoir. «
Tu es une plaie, une de ces merdes qui polluent l’existence d’autrui, voilà ce que tu es » Cric. Le cœur d’un petit garçon qui se brise sous la haine de sa mère, un cœur qui semble imploser tellement la souffrance est immense, un cœur qui progressivement se meurt. Il avait l’habitude des colères de sa mère, avait l’habitude qu’elle lui crache son venin au visage mais dire qu’il le prenait bien était un mensonge. Il vivait avec, faisait tout son possible pour lui plaire. Il avait d’excellentes notes, était autonome et participait activement aux tâches ménagères mais rien n’y fit, il n’y avait pas d’amour entre Eliza et son fils. Elle était très souvent absente pour ne pas dire quasiment tout le temps, elle le laissait seul pendant des jours, sans nourriture, sans instructions et elle s’en allait vivre une autre vie, celle qu’elle aurait dû avoir si Leigh n’était pas né. La jeune maman revenait saoule souvent accompagnée d’hommes différents à chaque fois qui n’hésitaient pas à la violenter devant les yeux larmoyants du petit garçon. Le brun criait, pleurait, les suppliait de laisser sa maman tranquille, il s’accrochait aux jambes de celle-ci tandis qu’elle le rejetait d’un coup de pied «
Dégage, tout ça, c’est ta faute » Et elle s’en allait avec ses mêmes hommes se jeter corps et âmes dans des délices inavouables. Leigh restait le plus souvent seul devant la chambre de sa mère l’entendant crier, souffrir. Etant jeune il ne savait pas ce qu’était le sexe, il pensait donc que l’on faisait du mal à sa mère, il criait à son tour, appelait à l’aide mais personne ne venait jamais, personne ne venait le réconforter, on le laissait là, meurtri et seul. Il en devenait fou, violent, Leigh ne savait pas sur qui jeter sa hargne et son mépris, il ne savait pas qui haïr alors qu’il était plein d‘animosité. Malgré tout cela, il savait pertinemment cacher ses sentiments, feindre que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Personne ne sut jamais quels tourments le jeune homme dû braver, quelle vie misérable il eut. Il n’avait pas d’amour, pas de foyer stable, tout ce qui faisait l’enfance lui avait été volé. Mais il s’en sortait plutôt bien. Leigh malgré son jeune âge était un très grand manipulateur et menteur, il savait cacher, tromper et annihiler ce qu’il ressentait vraiment, laissant aux autres une impression fausse de ce qu’il était réellement. Seule sa voisine, une femme d’une trentaine d’années qui à son grand malheur n’avait pas d’enfant, était proche de lui. Jane représentait tout ce qu’une mère aurait dû être, elle était aimante, attentionnée et patiente. Elle aimait Leigh de tout son cœur et le supportait dans les épreuves que celui-ci rencontrait chaque jour. Quand Eliza était absente c‘est chez Jane que Leigh cherchait refuge, là ou il pouvait vivre cette vie d’innocence, cette enfance qui avait un gout sucré. Mais ce ne fut pas au gout d’Eliza qui voyait d’un mauvais œil cette relation naissante. Leigh n’avait pas le droit d’aller bien, il devait souffrir comme elle elle souffrait. Ils devaient être deux dans cette douleur abominable. «
Ecoutez-moi bien, vous laissez mon fils tranquille ou j’appelle la police pour abus sur mineur » «
Madame Hastings vous avez un problème, votre train de vie n’est pas dès plus adéquat pour un garçon de onze ans, je peux vous aider, nous pouvons vous aider » «
J’ai peut-être un problème mais moi je ne touche pas aux enfants des autres, je viendrai cherchez de l’aide le jour où vous serez enfin capable de concevoir et vu votre âge, ça ne va pas être de suite. Maintenant si vous voulez bien m’excusez Leigh et moi avons certains différents à régler » C’est ainsi que prit fin la relation existante entre Jane et Leigh, il n’y avait entre eux plus que des sourires aimables, Leigh avait été encore une fois abandonné. Il avait à présent onze ans et commençait à en savoir un peu plus sur la vie. Il était pour son âge très mature et connaissait les horreurs de celle-ci alors qu’un bon nombre d’enfants baignait encore et toujours dans le monde de l’innocence, cependant le pire restait encore à venir
♫ 30 second to Mars - Beautiful lie.
III « Après c‘est pire
«
Laisse-toi aller, tu verras c’est magique » C’est tellement facile de se laisser aller, de se laisser bercer par les drogues, l’alcool, le sexe. Il y’a tant de choses qui égayent la vie, qui font que pendant un moment on oublie tout, on vit, on se détruit. «
Laisse-toi aller, tu verras c’est magique » Ce sont les mots que Dick Pears lui susurra à l’oreille dans son salon. Il avait treize ans et été entré avec des notes brillantes au collège. Il avait pas mal d’amis, était toujours souriant mais au fond il avait mal, il exécrait les autres pour leur stupide bonheur. Sa mère enchaînait les conquêtes, les hommes qu’elle ramenait était de plus en plus violents, détestables. Puis un jour elle en ramena un, Dick Pears un dealer notoire qui ne quitta plus jamais leur appartement de Boston. C’était le genre de type profiteur, opportuniste, violent et égoïste en somme une putain d’ordure. Il trompait Eliza, la violentait, profitait de ses diverses faiblesses pour prendre le dessus sur elle. Il continuait son petit business de drogues en tout genre. Son appart’ était devenu en moins d’un mois le squat de tout les junkies en manque de frissons qui pour se sentir bien s’injectent dans les veines du poison quitte à crever, car après tout, à quoi bon vivre ? Lui, le petit Leigh qui grandissait fut baigné dans cet univers ou chercher de l’héro’, fumer un joint est aussi facile que de chercher des corn-flakes. Il avait enfin trouvé un moyen de tout oublier, d’anesthésier son cœur souffrant. Personne ne lui disait rien et ce n’était surtout pas sa mère qui allait émettre des interdictions, jouer enfin à la mère modèle. Au contraire sombrer dans la drogue le rapprocha un tant soi peu de sa mère, défoncé il avait enfin l’impression d’être aimé, d’exister. Il fumait comme on respirait, faisait la fête comme on vivait. Pour se faire de l’argent il commença à dealer à son tour, Leigh réussit ainsi à accumuler un petit pécule qu’il réservait pour The Good Time. Le temps où enfin il quitterait cet appartement, le temps où il quitterait enfin sans états d’âme sa mère. Cette envie a toujours été présente, le brun a toujours su qu’un jour proche il quitterait son bourreau. C’est drôle de dire que la femme qui vous a mis au monde, celle dont vous êtes censé provenir est la cause de tous vos maux, oui c’était comique. Mais même adolescent Leigh était assez intelligent pour savoir que pour l’instant il ne pouvait que faire avec, qu’il n’avait personne d’autre et que chercher son père lui était impossible. Jeune, il s’était souvent demandé qui était son géniteur, de qui il tenait cette fourberie et cette chevelure brune. «
Qui est mon père ? » demanda le petit Leigh d’une voix tremblante. Eliza le regarda, sourire mauvais accroché sur ses lèvres arides «
Tu n’as pas de père, juste un géniteur. Tu veux vraiment savoir qui c’est ? Allume la télé, cherches William Baldwin et tu verras celui qui est responsable de ta sordide naissance » Eliza n’avait jamais cherché à cacher l’identité du père de Leigh, ils n’en parlaient juste pas laissant la figure paternelle faire office de supplément. Puis il n’était même pas sûr que cela soit vrai, c’était peut-être encore et toujours une invention d’Eliza dont le but n’était autre que de le blesser. Rechercher son père n’a jamais vraiment intéressé Leigh, à quoi allait-il servir de toute manière ? Il n’était pas aussi masochiste, aussi peu fière pour un jour toquer à sa porte et demander l’aumône. On ne court pas derrière un homme qui vous a abandonné comme un chien. S’il s’avérait cependant que William Baldwin soit réellement son père, il saurait un jour profiter de cet élément mais pour l’instant il se contentait de ce qu’il avait. C’est-à-dire une mère qui plus le temps passait devenait infernale. Leurs relations à présent étaient plus que tendues, ils ne faisaient que vivre sous le même toit, aucune parole, aucun signe et cela pendant des jours, des mois et finalement des années. Leigh vivait mal tout ceci mais il savait également que rien n’arrangerait la situation, que c’était une cause perdue d’avance. Heureusement il pouvait noyer son chagrin, oublier sa peine dans les diverses solutions qui s’offraient à lui, la débauche ainsi qu’une douce déchéance. Il n’y avait pas un soir où il n’était pas dehors où il ne fumait pas à en imprégner chaque parcelles de son être, à foutre sa putain de vie en l’air. Il buvait pour oublier, se droguait pour enfin sentir cette sensation vivifiante. De sentir son cœur cogner fortement contre sa poitrine par adrénaline, par folie. C’était si simple, pas d’attaches pas de douleurs seul un manque à assouvir tout le temps, partout. Si facilement. Durant ces soirées, il se permit tout ce qui était inimaginable en ce bas monde, il cogna, frappa, coucha. C’était avec plaisir et passion qu’il se laissait aller dans les bras de femmes ou même d’hommes d’ailleurs. Le plaisir n’a ni frontière, ni préjugé. Seul compte l’instant présent et le luxe que représente la chair. Il se mit à apprécier les joies qu’offrait le sexe comme tout homme après tout. Il était aimé le temps d’une nuit, le temps d’un ébat sauvage et enflammé. Leigh se laissait emporter par ce tourbillon de sensations, il en voulait plus, toujours plus, avide. Mais à en vouloir trop, on sombre la plupart du temps…
♫ Muse -New Born.
IV « Finalement, ça s’arrange peut-être »
«
Au pire tu vies …» Vivre c’était simple finalement, ça tenait en quatre mots si banals. Ces simples petits mots étaient synonymes de longévité, d’épanouissement mais au final à quoi bon ? Vivre pour avoir mal, vivre ou même dans son cas survivre tout en sachant que nos fantômes seront toujours derrière nous. Qu’ils n’auront de cesse de nous poursuivre à jamais…? Je vous l’accorde c’est très mélo’ tout ça, mais comment Leigh pouvait-il fuir l’ombre d’Eliza alors qu’à chaque fois qu’i se regardait dans un miroir il apercevait ces mêmes yeux bruns glacés. Le pire lorsque l’on hait quelqu’un, c’est de lui ressembler car on ne peut oublier, il n’y a pas un moment où l’on ne pense au responsable de nos tourments, on est lâchement prisonnier d’une peur persistante. La même danse se répète inlassablement et on est fébrilement emporté comme dommages collatéraux. «
Au pire tu vies …» C’est-ce que Leigh décida de faire, il n’était pas aussi courageux, aussi faible pour mettre fin à ses jours. Le suicide avait été une éventualité mais elle n’était restée que cela même si la mort ne lui faisait pas peur, du moins pour l’instant. Du haut de ses dix huit ans possédant tout ce qu’un jeune homme pouvait avoir de mieux il décida de faire sa vie, seul. Il avait de nombreuses fois fugué, durant des jours, des semaines entières. Le brun dormait chez des amis, enchaînait les soirées pour ne pas avoir à se poser une fois la nuit tombée. Il essayait tant bien que mal de survivre loin d’Eliza. Mais il finissait toujours pas revenir car on a tout simplement qu’un seul chez soi... Il eut cependant un déclic, après une énième dispute Leigh était partie furieux se jurant de ne plus revenir, Il était parti avec seulement un tee-shirt sur le dos. Il avait passé un mois dehors, ratant les cours n’obtenant ainsi aucun diplôme, Il vécut un certain temps chez des amis, puis un jour il n’eut plus personne pour l’accueillir. Il se mit à fréquenter les squats à dormir à droite à gauche, chez des gens qu’il ne connaissait même pas, il n’était plus qu’une loque, une ébauche de vie. Il pleura cette nuit, pleura comme il ne l’avait jamais fait, il était si en colère, si triste qu’il n’avait plus gout à rien, dépité et las il rentra chez lui… «
Tu vois Dick, je t’avais dis qu’il reviendrait, il revient toujours » Ce fut tout. Eliza ne chercha pas à savoir où Leigh avait passé ce long mois, ce qu’il était devenu, comment il s’était débrouillé, il n’existait pas, plus. Il retourna en cours et passa son diplôme qu’il obtint, cependant il n’avait pas les moyens de fuir, de se payer une université, il aurait pu demander une bourse mais à quoi bon, Eliza l’avait déjà mit à la porte. «
Le deal était que je me cache jusqu’à ta majorité, c’est fait maintenant dehors. » Elle l’avait même gardé une année de plus, il avait dix neuf ans et les yeux emplis de désillusions. Leigh commença à travailler, il passait ses nuits dans un célèbre club et vendait ses charmes lors de rencontres fiévreuses. Il était serveur, danseur, une sorte d’homme à tout faire qui faisait fondre les riches jeunes femmes qui fréquentaient ce lieu. Surtout une, Penelope Hayes. Une femme âgée d’une cinquantaine d’années qui riche et seule voyait en Leigh le parfait petit trophée à promener. Et c’est- ce qu’elle fit, elle le promena durant un an. Leigh l’accompagnait à des soirées, était couvé par ses cadeaux, par ses baisers, Leigh faisait divinement office de gigolo permanent. Un an dura ainsi, il vivait dans un petit appartement aux crochets de la sulfureuse Penelope, il était dépendant de ses désirs et bons vouloirs. Il ne suffisait que d’un claquement de doigt pour qu’il accoure et c’était cela qu’adorait par-dessus tout Pénélope. Elle avait vu d’un premier coup d’œil précis et inquisiteur que Leigh était sans le sous et dépendant, c’est pour cela qu’elle le choisit. Elle savait qu’il serait toujours là, car il avait malheureusement besoin d‘elle. Leigh ne détestait pas Pénélope comme il ne l’aimait pas, ce n’était qu’une relation de faux semblants et de tromperies, ils avaient tout deux besoins l’un de l’autre pour vivre. L’un pour la superficialité, l’autre par « pauvreté ». Un an passa, un an où il ne vit pas Eliza, un an où il n’eut aucune nouvelles d’elle. Leigh pensait parfois à elle, lorsque tard le soir chacun était chez soi au sein d’une famille aimante et que lui n’avait que pour seul alliée, qu’une bouteille froide à demi vidée. Il eut un temps où il enchaînait les petits boulots s’étant émancipé de Penelope, puis il eut le coup de fil qui chamboula sa vie et qui fut le départ d’une nouvelle ère.
♫ Eminem - Not afraid
IV « Le meilleur reste à venir »
«
Leigh Hastings ? Ici maître Jeffreys. Je vous annonce une horrible nouvelle…Votre mère vient de mourir des suites d’une overdose, étant le seul membre qu’elle ait inscrit sur son testament vous héritez de la totalité de ses biens soit près d’un million de dollar. » Le jeune homme cessa un instant de respirer, de vivre. Il avait toujours su que cela finirait ainsi, qu’Eliza mourrait loin de lui dans une ruelle sordide, mais tout cela restait pour lui une idée désordonnée à laquelle il se rattachait avec désespoir. Il ne pleura pas, ne dit mot lorsque l’avocat l’interpella, une partie de lui semblait être mort avec sa mère tandis qu’une autre naissait de ces cendres… «
Un million de dollar ? C’est impossible, comment aurait-elle pu avoir une telle somme ? » Leigh ne comprenait rien, un million de dollar que faisait sa mère avec tant d’argent, comment avait-elle pu l’obtenir et surtout pourquoi lui avait t-elle légué cette somme ? Tant de questions prenaient vie dans son esprit qu’il ne savait par où commencer. Le début de sa nouvelle vie débuta ainsi. Fini les petits boulots, fini l’angoisse chaque soir en se demandant où il allait passer la nuit, il était à présent riche, divinement riche. Leigh apprit par la suite les origines de cet argent, William Baldwin, son père versait une somme astronomique tout les mois sur le compte de la défunte afin d’acheter son silence. Cependant Eliza n’avait jamais utilisé cet argent, elle n’avait pu se résoudre à le dépenser et pourtant ce n’était pas l’envie que lui manquait. Le jeune homme reprit ses études à vingt ans, il s’inscrit dans une prestigieuse université, s’installa dans un confortable appartement de la banlieue huppée de New York et commença sa nouvelle vie. Leigh protégeait cet argent et le faisait fluctuer intelligemment, c’était un garçon malin et doté d’une ambition extrême qui savait plus que quiconque qu’il ne fallait pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Eliza était sorti momentanément de son esprit, il se focalisait seulement sur son ambition, il gravissait les échelons à vu d’œil et obtint même une place privilégiée en intégrant le Sénat en parallèle de ses études. Leigh prenait sa revanche sur son ancienne vie, il apparaissait aux yeux de tous comme le parfait jeune homme : beau et sympathique, il restait ce jeune homme attachant alors que se cachait derrières ses opales brunes, le mal en personne. Il se reprochait des sphères du pouvoir, lui le petit garçon qu’on délaissait le soir, qu’on oubliait à la sortie de l’école. Il allait devenir un homme puissant et redouté et si il fallait tuer ou bien vendre son âme au diable, il le ferait sans hésiter une seconde.